« La défiance s’obstine » : c’est ainsi que le Cevipof intitule la 9e vague de son Baromètre sur la confiance politique publié en janvier 2018. Entre autres signaux, on apprend que 85 % des Français pensent que « les responsables politiques ne se préoccupent pas de ce que pensent les gens comme eux » ; 71 % estiment que « les élu(e)s et les dirigeant(e)s politiques français(es) sont plutôt corrompu(e)s ». Cerise sur le gâteau politique, le maire perd 9 points de confiance en deux ans. On n’y croit plus… et il est urgent de comprendre les ressorts de cette défiance.
L’action publique n’est pas seule en cause. La dégradation de la parole publique y a aussi sa part. Et c’est au quotidien que cette perte de crédibilité se joue, dans nos magazines municipaux, sur nos sites, dans nos posts. Décrire une démarche de concertation en transformant les propos d’un citoyen, modifier la date d’un projet pour mieux servir l’image d’un élu, arrondir un chiffre afin d’afficher une donnée budgétaire plus flatteuse… Pas de quoi s’indigner, me direz-vous. Sauf qu’à la longue, ces « petits arrangements » avec la réalité des faits distillent le poison du doute vis-à-vis de la communication publique et, in fine, sapent la confiance. À l’ère de l’open data, des blogs et des réseaux sociaux, la vérification de l’information est à la portée de tous. N’importe quel citoyen dispose de moyens instantanés pour contrôler en quelques clics ce que lui raconte son patron mais aussi son maire, son député ou tout autre responsable politique. Qu’il décide ou non d’exprimer son sentiment sur les réseaux sociaux, la défiance est au rendez-vous et fait perdre la crédibilité à l’intégralité de l’information publique.
À l’image des citoyens, invités par le gouvernement à résister aux « fake news », les communicants publics ne devraient plus avoir à subir les pressions qui les conduisent à tordre, même discrètement, la réalité des faits. Car si la défiance s’obstine, les faits, eux aussi, sont têtus.
Françoise Montabric
Présidente Directrice générale Citizen Press
Article paru dans le magazine Brief de mars 2018